Lettre 2

Évora, le 4 janvier 1925

Ma révérende Mère,

Avant hier, en commémoration du 52e anniversaire de la naissance de votre Bienheureuse Sœur, j'ai inauguré son culte dans mon Séminaire, avec permission du Saint Siège.

Je tiens à vous le communiquer, car je veux bien croire que cette nouvelle sera joyeusement accueillie au Carmel où on respire encore le parfum de ses vertus si cachées et si sublimes.

Vous recevez tant de visites et de si haut rang, qu'il est très naturel que vous ayez oublié un pauvre Archevêque portugais qui a fait son pèlerinage à Lisieux au mois d'octobre 1923. Moi, cependant, je n'ai pas pu oublier la douce impression que j'ai éprouvée là-bas et les attentions si délicates dont je me suis vu entouré.

Peu après mon voyage, j'ai commencé une lettre pour vous remercier, mais j'ai dû l'interrompre et elle est restée inachevée jusqu'à présent. Je la finis hâtivement, pour vous l'envoyer avec celle-ci en témoignage de ma reconnaissance.

On dit que votre Bienheureuse Sœur va être canonisée cette année, mais je n'ai pas encore vu sur l'Acta Apostolicae Sedis que la procédure soit terminée. Je souhaite de tout mon cœur que la canonisation s'accomplisse pendant l'année sainte, et ma joie serait à son comble, si j'avais le bonheur d'y assister. Ci-inclus vous trouverez une pétition au Saint Père pour que les honneurs des Saints soient accordés à la petite fleur du Carmel et j'espère que vous la ferez remettre au postulateur de la cause.

La cérémonie de l'inauguration du culte dans mon séminaire a été très simple, mais très émouvante, et je crois bien que chaque séminariste se fera un devoir d'invoquer la petite Sainte, qui a été si grande et si dévouée à l apostolat. Je suis sûr que, fidèle à sa promesse, votre Soeur fera descendre sur le séminaire, et par là sur le diocèse une pluie de roses, et nous en avons bien besoin, car nous n'avons presque pas (sic) de prêtres. Il nous faut une nouvelle Pentecôte, tant nous sommes dans la détresse pour ce qui touche l'apostolat et la vie spirituelle. Priez donc, ma révérende Mère, et et faites prier vos Filles pour ce pauvre diocèse et pour son pauvre Pasteur.

Je vous bénis de tout mon cœur, et vous prie d'agréer t'expression de mes hommages très respectueux.

+ Manuel, Archevêque d’Évora

Lettre 3

Évora, le 25 avril 1925

Ma révérende Mère,

Je vous remercie pour votre bonne lettre. Vous me demandez des nouvelles de notre malade. Jusqu'à présent le bon Dieu n'a pas voulu lui accorder la guérison que nous avons instamment confiée à l'intervention miraculeuse de votre Sœur, la bienheureuse Thérèse.

Malheureusement il va de mal en pis. Que la volonté du bon Dieu soit faite.

Monseigneur de Bayeux m’a adressé une invitation à laquelle vous venez d'ajouter la vôtre, pour aller prendre part aux solennités qui auront lieu aux mois de juillet et septembre à Lisieux.

Je suis évidemment touché de l'honneur que Sa Grandeur et vous avez bien voulu m'accorder ; ce serait pour moi une grâce du ciel que d'y assister aux premières manifestations publiques et solennelles en l'honneur de la Petite Fleur du Carmel, après sa canonisation. Je vous remercie de votre délicatesse.

Au mois de juillet c'est tout à fait impossible de quitter mes affaires pastorales. Pour le mois de septembre, il faut prier la Bienheureuse qu'elle m'obtienne cette grâce.

Je tiens cependant à vous annoncer une bonne nouvelle. Le 9 juin au soir, arrivera à Lisieux un pèlerinage de mon diocèse, et l'archevêque d'Évora y sera aussi. J'aimerais vous devoir la charité de me fixer une heure pour une cérémonie à nous naturellement avec la sainte messe et une allocution. Notre pèlerinage devra repartir le 11 au soin.

Je serais heureux d’avoir une réponse à ce sujet, avant le 7 mai.

Ci-joint je vous envoie la pétition à adresser au Saint Père pour demander le culte universel de la bienheureuse Thérèse.

En vous priant de ne pas m'oublier dans vos bonnes prières et en vous offrant, Révérende Mère, l'expression de mes sentiments bien dévoués,

Je vous bénis de tout mon cœur, vous et votre pieuse Communauté.

+ Manuel, Archevêque d'Évora.

Lettre 4

Évora, le 26 septembre 1925

Ma révérende Mère,

Comme je vous ai écrit, et je vous l'ai confirmé lors de ma visite, il était dans mon intention d’aller aux fêtes de votre sainte Sœur, si elle le voulait. Jusqu'à ce moment j'ai attendu la manifestation de cette volonté, et elle n'est pas encore venue. Je ne méritais pas ce bonheur et cet honneur. Que le bon Dieu soit béni, et que sa volonté soit faite. N'est elle pas l'amour ?

Du moins je ne voudrais pas être tout à fait absent le premier jour de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, et je vous prie de me réserver un petit souvenir dans vos prières et dans celles de votre pieuse communauté ce jour-là. Je vous recommande toujours mes intentions et mon diocèse.

Le 30 septembre j’espère pouvoir offrir le très saint Sacrifice en honneur de la petite Sainte, et je n’oublierai pas ses heureuses Sœurs. Mon esprit et mon cœur seront à Lisieux, où j’accompagnerai in mente les cérémonies grandioses et touchantes qui vont s'y dérouler.

Permettez-moi d’offrir une toute petite obole pour les fêtes.

Je vous bénis de tout mon cœur et vous prie d’agréer l’expression de mes hommages très respectueux.

+ Emmanuel. Archevêque d'Évora

A suivre...

 

 

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